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LA COOPÉRATIVE ECAM CRÉE L’ONG HOPE : une organisation en faveur de l'instruction des femmes et des enfants de Méagui

  • Photo du rédacteur: Lys Makima
    Lys Makima
  • 1 avr.
  • 4 min de lecture

Nous avons rencontré Assata DOUMBIA, Présidente du Conseil d’Administration de la coopérative ECAM (Entreprise Coopérative des Agriculteurs de Méagui) située dans la région de la Nawa en Côte d’Ivoire et spécialisée dans la collecte et la vente de cacao. Pour maximiser l’impact de la coopérative sur les producteurs de cacao, les femmes et les enfants de Méagui, Madame DOUMBIA et son équipe ont créé l’ONG Hope. Cette organisation, dont elle est la Présidente d’honneur, œuvre pour l'instruction des jeunes enfants et des femmes en milieu rural et agricole.





Assata DOUMBIA : " L’ONG Hope a été créée en marge de la coopérative ECAM qui venait en appui aux groupements de femmes pour le financement de leurs activités agricoles. La création d’une ONG nous paraissait être la meilleure approche. L’ONG Hope intervient dans l’autonomisation des femmes de la région de Méagui, mais elle agit également dans l’accompagnement et la sensibilisation des jeunes enfants. Nous construisons des écoles, distribuons des kits scolaires, etc. Notre objectif est de récolter des fonds, afin d’avoir un impact significatif et durable sur ces populations. Nous formons les jeunes sur plusieurs matières, en particulier sur l’agriculture (le mapping des champs, la gestion des coopératives…), la mécanique, l’élevage et d’autres secteurs d’avenir dans la région de Méagui. L’objectif est de faire de ces jeunes de futurs entrepreneurs solides. Concernant les femmes, nous œuvrons pour leur alphabétisation et leur autonomisation dans l’entrepreneuriat agricole."





L'AGRICAINE : Quelle est la base des difficultés que rencontrent les enfants et les femmes dans la zone de Méagui ?


Assata DOUMBIA : "La première difficulté est que ces femmes et enfants ne parlent pas le français et n’ont pas été scolarisés. L’agriculture n’est pas un choix pour ces femmes et aujourd’hui, l’espace pour cultiver du cacao et le commercialiser se réduit fortement. Il est vrai que cette agriculture de subsistance leur permet de nourrir leurs enfants, mais elles peinent à en dégager des bénéfices. Elles ont besoin de capital pour augmenter leur capacité de résilience face au changement climatique, à l’appauvrissement des sols et autres défis. Les produits vivriers étant périssables, ces femmes doivent pouvoir être en mesure d’exporter leurs marchandises vers les grandes villes. La deuxième difficulté réside dans la pression qu’elles ont au quotidien dans la gestion de leur foyer. Pour les enfants, la difficulté est liée au décrochage scolaire. Ces enfants s’étant arrêtés en classe de CM2 et jusqu’en 3ᵉ, sont souvent employés dans les champs. Nous luttons contre le travail des enfants dans la cacaoculture. Nous récupérons donc ces enfants, qui sont orphelins pour la plupart, afin de mieux les former et de leur assurer un avenir plus prometteur, avec la contribution des parents."





L'AGRICAINE : De quelle manière interviennent donc ces formations agricoles destinées aux enfants ?


Assata DOUMBIA : "Il s’agit de formations qualifiantes sur 6 mois. Nous avons signé une convention avec le gouvernement et l’Office International du Travail. Ils nous ont envoyé une trentaine d’enfants âgés de 13 à 17 ans. Ce sont nos premiers pensionnaires. Nous travaillons actuellement sur un programme qui interviendra en aval et qui permettra d’accompagner ces jeunes jusqu’à leur majorité. Il est important que ces enfants aient le choix au sein de toute la filière agricole. L’objectif n’est pas forcément qu’ils deviennent agriculteurs, mais qu’ils puissent également être capables d’exercer tout autre métier agricole."


L'AGRICAINE : Vous expliquiez que la plupart de ces enfants sont nés au campement. Leurs désirs sont peut-être de se rendre à Abidjan, ou même de voyager à l’étranger. Quelles sont les actions de l’ONG Hope pour permettre à ces jeunes de rester motivés et de mettre de l’espoir au sein des métiers agricoles ?


Assata DOUMBIA : "Nous avons justement commencé par faire de la sensibilisation avec l’aide de la coopérative et nous continuons jusqu’à ce jour. Ces jeunes acceptent d’être ici car nous leur expliquons que la vie à Abidjan et à l’étranger peut être rude sans formation ni parents. Nous avons l’exemple de jeunes qui sombrent dans la délinquance ou entreprennent des voyages dangereux par pirogue. Souvent, des planteurs restent sans nouvelles de leurs enfants qui projetaient un voyage clandestin à l’étranger. Il nous arrive de faire des funérailles sans savoir si l’enfant est décédé ou non. En réalité, c’est ce qui nous a également motivés à créer cette ONG. Toutefois, nous souhaitons créer du lien entre ces jeunes ayant traversé la mer et qui ont trouvé un métier, et nos enfants, afin qu’ils comprennent que les réalités peuvent être très différentes. Nous avons également mis en place une académie de football, avec 175 enfants. Ils ne sont pas tous membres de l’internat, mais cela leur permet de s’épanouir et de compenser avec les difficultés qu’ils peuvent rencontrer à l’école."





L'AGRICAINE : Comment faites-vous pour également sensibiliser l’environnement de ces femmes et enfants à votre démarche ? Quels sont vos besoins actuels ?


Assata DOUMBIA : "Pour l’instant, ces femmes et leurs enfants sont issus des communautés de nos producteurs de cacao. Nous avons déjà tissé un lien, bien qu’il soit d’abord commercial. Ces producteurs sont donc fidèles à la coopérative. L’idéal pour l’ONG serait que les enfants soient parrainés afin que nous puissions subvenir à leurs divers soins. Nous sommes ouverts aux dons de vêtements. Concernant l’académie de football, de nombreux enfants aimeraient pouvoir partager leur talent. Actuellement, nous avons donc besoin de plus de visibilité."





L'AGRICAINE : La cause des enfants vous touche particulièrement. Qu’est-ce qui renforce votre engagement au quotidien ?


Assata DOUMBIA : "Au départ, je suis venue à Méagui pour commercialiser le cacao et créer la coopérative ECAM. Au fur et à mesure de mon avancement, je m’identifiais beaucoup aux jeunes filles et, lorsque je voyais ces femmes mariées, je les identifiais à ma mère. Certains enfants venaient dormir chez moi. Je les récupérais pour les mettre à l’école. Nous avons tous en nous ce sentiment d’humanité. L’impact que l’on peut avoir sur deux enfants nous encourage à impacter la vie de plusieurs autres enfants. Aujourd’hui, nous pouvons leur offrir une éducation et trois repas par jour, ce qu’ils n’avaient pas au campement."





 
 
 

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